Athéisme et anarchie.

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Il est souvent fait entre ces deux mots une forme d’amalgame, l’athée, celui qui ne croit pas en une entité suprême, étant dans ce parallèle automatiquement sans foi ni loi, refusant l’idée de hiérarchie et de disciplines morales, comme si le fait de ne pas croire en un dieu ôte toute forme de réalisme et de jugement. C’est d’autant plus surprenant que les athées pour la plupart sont des gens posés, doués d’une justesse humaine et sociale souvent plus soutenue que celle de beaucoup de nos semblables croyants. Ceci se comprend facilement dans le sens ou ne pas croire en un dieu implique de sortir du milieu dans lequel nos sociétés ont évolué depuis des millénaires, celui d’un monde où tout sans exception est et a été construit autour de l’idée d’un être suprême et de la crainte que nous pauvres humains devons en avoir. S’émanciper de ces croyances millénaires implique de se forger une vie différente via la création d’un encadrement social nouveau, régi par des règles distinctes souvent simplement naturelles, ainsi que d’une pensée libérée, devant se construire et construire son environnement et sa vie en général désenchaînée de toutes formes de principes religieux. Or se construire, échafauder son environnement, demande des aptitudes intellectuelles distinctes, souvent élaborées avec talent, devant à la fois savoir être par soi même tout en évoluant dans un monde où nous devons accepter les croyances en tout genres, ainsi qu’une laïcité laissant dans sa grande bonté passer l’idée de l’éventualité d’un être suprême.

 

Cela demande d’avoir foi en soi et en l’avenir, foi en les autres et en l’humanité en général, cela impliquant aussi d’avoir des règles de vie sociale incluant une forme de hiérarchie communautaire, comprenant que les uns ont ce que les autres n’ont pas, sont ce que les autres ne sont pas, chacun étant un ensemble indispensable à l’autre. Tout ceci, cette évolution sociale sans l’idée d’un dieu, avec cette conscience de ce que nous sommes pour les autres, va à contrario de l’idée de ce qu’est l’anarchie, l’athée n’étant ni sans foi ni sans loi, ne se distinguant pas non plus par l’absence d’idée d’une hiérarchie étatique, étant même au contraire constructeur, pierre essentielle de la communauté humaine.

 

Si anarchie il y a chez les athées c’est à mon gout exclusivement en celle de la raison, et encore, l’anarchie éventuelle n’étant ici qu’en opposition aux dogmes religieux, c’est-à-dire se refusant à admettre une hiérarchie au sommet de laquelle serait un être suprême. Mais qu’on soit clair, il ne s’agit pas ici d’égalitarisme ni même de confusion, mais tout simplement d’une conscience émancipée de mythe, construisant pierre après pierre un savoir libre, une pensée indépendante, une société et je dirais même une communauté humaine évoluant et se construisant sans qu’aucun dieu ni croyances religieuses ne s’imposent, laissant une liberté d’être dans nos éducations autant que dans nos coutumes, dans nos cultures autant que dans nos mœurs, dans nos valeurs morales autant que dans nos libertés individuelles et collectives.

 

De ces évolutions nous en sommes, nous humains du 21ème siècle, parmi les premières pierres, des milliers de générations futures bâtissant avec bien plus de savoirs, de lucidité et de responsabilités que nous un équilibre nouveau, où la bienveillance et la compassion pour tous et en tout primeront, et où l’idée “d’anarchie” et d’une “entité suprême” s’évanouiront d’elles-mêmes. C’est en cela que j’ai foi en l’humanité et en nos générations futures, et même si à notre époque cela ne reste pour l’instant qu’un songe, il n’en est pas moins un vœu, une imagination toute personnelle de ce que pourrait être l’avenir de notre monde.

 

 

Gilles Ragnaud

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