L’ouverture des commerces le dimanche, est un débat qui depuis quelques mois secoue notre société Française. Sur ce sujet nos concitoyens sont divisés et surtout perdus dans les discours politiques qui en sont faits, certaines formations, rejointes par les religions, catholiques surtout, défendent le côté traditionnel et ancestral du jour de repos dominical, d’autres s’en tenant à un discours simplement social, nous prévoyant au travers de cette démarche, une nouvelle offensive du patronat.
Nous avons, nous athées, surtout si on ne nous le demande pas, le devoir d’être aussi entendus sur ce sujet, devant donner notre position, l’argumentant, et surtout apportant au débat une vision différente de celle des politiques et des religions.
Commençons par un peu d’histoire.
En Europe, le dimanche est considéré comme un jour de repos depuis l’an 321 sous le règne de l’empereur Romain, Constantin Ier. Ce dernier se convertit progressivement au christianisme, reconnaissant les tribunaux épiscopaux et faisant du dimanche (jour du soleil païen) un jour férié obligatoire pour tous, à l’exception des travaux des champs.
Sanctification du dimanche.
Au XIIIe siècle, Thomas d’Aquin, l’un des maîtres de la scolastique, dans son (œuvre) théologique et philosophique, s’appuie sur le cinquième précepte du décalogue pour définir la sanctification du dimanche comme étant le jour où l’esprit humain participe au repos de Dieu. À cela s’oppose un péché capital, celui de la négligence spirituelle à l’égard du bien divin, c’est-à-dire l’acédie (mal de l’âme) ou paresse spirituelle. Le repos dominical, qui interrompt la production, le commerce et la course au profit, devient pour les chrétiens, un signe de gratuité et de grâce.
Pour finir, de nos jours, et peu le savent, le dimanche fait partie de la norme internationale ISO 8601 (c’est tout ce qui concerne les dates et heures) qui considère que le dimanche clôt la semaine, le codant avec le chiffre 7, sachant que ce même dimanche est pour les religions juive, chrétienne et musulmane, le premier jour de la semaine.
21e siècle : Que dit la législation Française.
« Un salarié ne peut travailler plus de 6 jours par semaine : au moins un jour de repos (24 heures, auxquelles s’ajoute un repos quotidien minimum de 11 heures) doit lui être accordé chaque semaine et, en principe, le dimanche (repos dominical). Toutefois, le principe du repos dominical connaît plusieurs types de dérogations qui peuvent, selon le cas, être permanentes ou temporaires, soumises ou non à autorisation, applicables à l’ensemble du territoire ou à certaines zones précisément délimitées. »
Aujourd’hui en gros, un tiers des salariés Français travaille déjà les dimanche et jours fériés, et je ne parle pas seulement des services de santé ou d’urgence, nombre d’entreprises ne pouvant arrêter leurs productions, devant donc tourner à longueur de temps, exemple les chaines de télévisions, les trains, les avions, certaines usines, les restaurants, les agriculteurs, etc.
Positions athées.
Les athées, ont nécessairement une, voire plusieurs positions, le but ici n’étant pas dans affirmer une plus qu’une autre, mais tout simplement d’ouvrir le débat.
En tant qu’athées, il est clair que nous avons du mal à concevoir le dimanche d’un point de vu religieux, ce jour n’étant pas pour nous « le fameux repos dominical ». Il n’en reste pas moins que le dimanche est, par usage, au départ de traditions religieuses, un jour de repos que nos ancêtres respectent plus ou moins depuis plusieurs siècles. Mais est-ce pour autant que ce dimanche, quel qu’en soit le point de vue hors religions, doit être pour nous athées, magnifié, qu’il soit social ou traditionnel ? Ainsi sur cette question rentre en compte l’aspect économique du travail, mais aussi celui de l’emploi, ainsi que celui des libertés individuelles d’être et de travailler selon ses propres envies. Certains enfin y verront un combat « salariés entreprises », imaginant des abus de la part de certains patrons, comme étant une norme nationale.
Sacralisation du dimanche ?
Au-delà de tout cela, la question qui pourrait aussi se poser, est de savoir si pour nous athées, le dimanche est, ou doit être un jour de semaine comme les autres, sans sacralisation, sans norme traditionnelle de repos hebdomadaire, ce repos obligatoire, pouvant être comme pour des milliers de Français, un autre jour.
Mon apport à ce débat.
Dans ce débat, comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs, j’en reviens en ce qui me semble avant tout essentiel à nos existences, à savoir les libertés individuelles, celles qui font que je n’admets pas qu’une législation quelle qu’elle soit, nous oblige ou au contraire nous empêche, dans une vision sociale et citoyenne, d’agir selon nos propres envies. Ainsi, partant du principe que chacun est conscient et responsable de ses choix et de leurs conséquences, je milite pour que les libertés individuelles soient à la base de tous les débats de notre société, ceux du travail le dimanche en faisant partie, étant donc avant tout du choix de chacun selon les convictions. C’est ici pour moi une démarche d’émancipation, celle de ne plus accepter d’être tenu par la main par un État intrusif pour tout et en tout, ou encore celle de refuser des formats religieux aux discours dépassés, nos libertés individuelles et collectives ne pouvant plus admettre d’être appauvries et infantilisées par des pouvoirs qui n’ont pas lieu d’être.
En tant qu’athées, nous nous devons d’avoir nous aussi une position sur ce débat, sage tant qu’à faire en y apportant un plus, celui d’avoir cette impudence de démontrer aux autres que nous pouvons vivre en toute liberté, or de fondements dogmatiques et politiques réducteurs, soient-ils millénaires.
Gilles Ragnaud