Peu l’ont compris, mais l’athéisme, depuis des siècles, exprime dans ses oppositions aux religions, de véritables “projets de société”, progressistes, rationnels, passant par des valeurs fondées sur des observations et des raisonnements objectifs.
La première fois que j’ai émis le concept de “projet de société athée”, c’était il y a une vingtaine d’années. Je venais d’écrire, un article sur une théorie parlant d’humanisme, y évoquant les rôles de prédateurs que jouent les religions dans nos civilisations. J’y relevais aussi les multiples arguments et commentaires athées, y trouvant chez certains, des raisonnements d’intelligence politique dans le sens le plus noble du terme. Avec le développement des réseaux sociaux, les oppositions aux projets religieux, n’ont fait que confirmer que l’athéisme affirmait inconsciemment ses envies d’avenir, de devenir acteur, de s’exprimer via des actions d’équilibre et de développement interne et externe de la société, c’est-à-dire de développer, voire imposer politiquement ses envies et projets.
Les athées de ce XXIᵉ siècle
Malgré les nombreuses critiques dues à la méconnaissance de son courant, totalement innovant à l’époque, Génération Athée, a permis d’ouvrir les portes à un athéisme confédéral, c’est-à-dire organisé nationalement, avec la vocation de représenter ses adhérents, sympathisants, ainsi que tous les athées qui se reconnaitraient dans ses objectifs. Le but a toujours été de politiser l’athéisme, dans le bon sens du terme, de le rendre actif, utile, palpable, c’est-à-dire capable de concurrencer les religions dans les coulisses du pouvoir. Au début, très critiqué, peu nous ont suivi, mais à force d’explications, d’andragogie, sachant prouver le bien fondé de nos actions, de plus en plus d’athées ont compris l’intérêt pour l’athéisme, de changer de paradigme.
Aujourd’hui, une partie grandissante des athées a compris, ne voulant plus laisser les religions libres de leurs faits et gestes au sein de nos institutions et gouvernements. Nombre d’entre eux n’acceptent plus de laisser la parole au fascisme religieux et leurs idéologies fanatiques, appelant à un athéisme de contre-pouvoir, engagé, lobbyiste dans le conseil et l’information auprès des décideurs et des institutions, qu’elles soient politiques, sociales, économiques ou même culturelles.
Pour cela, il nous faut porter haut et fort des projets de société issus de coalisions athées, aux schémas politiques, sociaux, économiques et culturels, débarrassés des influences religieuses contraignant nos choix depuis des siècles par des oppressions tyranniques au détriment des libertés de conscience. Les athées ont leurs propres projets de société, pour la plupart en opposition à ceux soutenus par les dogmes religieux, l’athéisme proposant d’autres évolutions, progressistes et rationnelles. Ces perspectives démontrent que l’athéisme est inéluctablement lié à l’idée générale de ce qu’est la politique, puisque étant un combat de citoyens défendant des volontés et des valeurs propres à leurs convictions, dont les actions vont permettre des développements inédits de l’ensemble de la société.
Préparant cette évolution depuis des années, Génération Athée est aujourd’hui prête à conduire ce développement auprès de nos décideurs. Pour l’instant nos projets de société ne sont que de grandes lignes théoriques, mais il est certain qu’avec la contribution de chacun, nous saurons écrire une nouvelle page de l’athéisme de ce XXIᵉ siècle.
J’encourage tous les athées à participer au développement de ce qui pourrait devenir un « combat épique » entre le rationnel et le superstitieux, pour qu’ensemble nous puissions mettre fin à l’idée de l’hypothèse de l’existence d’un dieu, et de tout ce qui s’ensuit de prédations.
Gilles Ragnaud