Nous savons toutes et tous ce qu’est l’intolérance, ce sont ces mecs qui frappent un gars parce qu’il est gay, ces types qui insultent une fille qui porte un voile, puis maltraitent des ados parce qu’ils sont d’origine maghrébine, avant d’ironiser sur leur religion. L’intolérance ce sont aussi ces gens qui ne supportent pas que l’on ne puisse pas croire en l’idée d’un dieu, qu’une femme soit libre de disposer de son corps, ou plus simplement que chacun puisse aimer, s’unir et enfanter avec la personne qu’il désire.
L’intolérance peut aussi se manifester autrement, le rejet absolu de toutes formes de religions, pouvant, par exemple, chez certains, conduire à des stigmatisations et discriminations envers les croyants. Ce même rejet peut également se traduire par du mépris, ayant pour conséquence une tendance à ridiculiser les croyances et les pratiques religieuses, pouvant aussi passer par des réactions d’intolérances aux intolérances religieuses, c’est-à-dire opposer l’absurde à l’absurde. (voir article : … et pas d’athéisme sans démocratie.)
Chez Génération Athée, depuis toujours sans dieu ni haine, nous nous refusons à toutes formes de dérives d’intolérances, et pour des raisons tout simplement rationnelles, liées à notre courant athée et à son rôle en tant que membre de la société civile. Nous avons, en effet, l’obligation de sérieux dans nos discours, mais aussi dans nos positions et propositions politiques sociales et économiques, devant dans tous les cas, rester constructifs face à nos interlocuteurs. Et non seulement c’est notre travail, mais c’est en plus ce que l’on demande à une confédération comme la nôtre, mais aussi plus généralement aux athées militants, devant savoir répondre aux multiples alertes que lancent des personnalités telles que Florence Bergeaud-Blackler, Naëm Bestandji, Caroline Fourest et tant d’autres… et nous ne pourrons jamais réussir, si nous utilisons les mêmes méthodes d’intolérances que les intolérants.
Nous sommes une réponse possible.
Comme je l’écris depuis des années, plutôt que de se focaliser sur la critique ou le rejet de la religion, l’athéisme doit se concentrer sur la promotion de ses propres valeurs et de sa propre vision du monde. Travailler dans ce sens, c’est donner à l’athéisme les moyens d’être un contre-pouvoir face aux intégrismes religieux, ouvrant à une concurrence nouvelle, portant ses propres projets de société, ne se laissant plus imposer l’intolérable et l’intolérance d’où qu’elle vienne. En adoptant une telle approche, constructive, l’athéisme peut devenir une réponse, un moteur pour la création d’une société plus tolérante et inclusive, dans le respect des règles laïques. L’idée est de démontrer qu’il est une différence fondamentale entre le fait de ne pas cautionner l’inacceptable, et de dériver vers des positions d’intolérances avec tout ce qu’on en connait de discriminations. C’est pourquoi, pour Génération Athée, l’intolérance n’a rien à faire dans un athéisme moderne, engagé dans des perspectives lobbyistes, porteur de projets, ne pouvant se construire en quoique ce soit sur cette idée.
Rares sont ceux qui en sont conscients, mais dans nos démocraties il n’y a malheureusement pas de solutions miracles, lois ou autres, pour « faire barrage » aux intolérances religieuses, si ce n’est la démocratie elle-même. Comme je l’ai déjà écrit, la démocratie, permet de faire ressortir et porter des volontés, soient-elles intégristes, comme le font les fréristes, permettant aussi, et c’est sa force, de s’organiser pour rivaliser contre ces mêmes volontés, comme Génération Athée, depuis des années, appelle les athées à le faire.
Nous avons donc, nous athées, un rôle majeur à jouer dans nos sociétés, et pour une raison très simple, celle qu’il n’y a que l’athéisme qui soit en mesure de répondre aux craintes fondées des intégrismes et intolérances religieuses… et là-dessus nous sommes attendus, alors agissons.
Gilles Ragnaud