Chiffrer ce que coûtent les religions en France, incluant les subventions, financements publics et dépenses liées aux lois sur la laïcité et l’éducation, est impossible en raison de la diversité des sources de financement et surtout de l’absence de centralisation des données.
Nous avons tout de même tenté l’exercice, à commencer par l’entretien des quelques 45 000 édifices religieux, estimé à eux seuls à environ 600 millions d’euros par an. À cela, malgré la loi de 1905 interdisant le financement public des cultes, il faut rajouter les subventions aux associations, dont il est bien sûr impossible de fournir un chiffre précis, mais des estimations parlent de plusieurs dizaines de millions d’euros par an.
Et ce n’est pas fini, puisqu’il faut aussi rajouter le financement des écoles privées sous contrat, dont une grande partie sont confessionnelles, principalement catholiques, recevant des financements publics pour les salaires des enseignants et leur fonctionnement. Le coût annuel pour l’État est estimé à environ 7 milliards d’euros. À savoir : En Alsace-Moselle, où le régime concordataire est encore en vigueur, l’enseignement religieux est obligatoire dans les écoles publiques. Le coût spécifique de cet enseignement est difficile à isoler, représentant pourtant une part importante du budget de l’Éducation Nationale.
Autres dépenses non-liées à la laïcité
Les dépenses de sécurité pour les lieux de culte et les événements religieux, en particulier dans le contexte de la menace terroriste, sont également significatives. Elles peuvent être estimées à plusieurs dizaines de millions d’euros par an.
Il y a aussi les exonérations fiscales sur les dons et sur la propriété immobilière, ce qui représente un manque à gagner pour l’État. Le montant exact est difficile à évaluer, mais pourrait se chiffrer en centaines de millions d’euros.
Rajoutons la mise à disposition de locaux et de terrains à titre gratuit ou à des conditions avantageuses pour les associations religieuses, mais aussi la participation aux coûts d’organisation des événements religieux publics, comme certaines fêtes religieuses, représentant également une dépense importante pour les collectivités : Sécurité, logistique, soutien financier direct, campagnes de communication et de promotion, pèlerinages, fêtes religieuses locales, événements religieux intercommunautaires, etc.
Estimation globale
En résumé, une estimation approximative du coût annuel des religions pour la France, les régions et les intercommunalités pourrait se répartir comme suit :
- Entretien des édifices religieux : 600 millions d’euros
- Subventions diverses : 50 millions d’euros
- Écoles privées sous contrat : 7 milliards d’euros
- Sécurité et autres dépenses : 100 millions d’euros
- Exonérations fiscales : 300 millions d’euros (estimation approximative)
- Mise à disposition de locaux et terrains : 50 millions d’euros (estimation approximative)
- Régime concordataire en Alsace-Moselle : 60 millions d’euros
- Sécurité : 20 millions d’euros
- Logistique et soutien financier direct : 10 millions d’euros
- Promotion et communication : 5 millions d’euros
Cela donne une estimation totale de 8 milliards 195 millions d’euros par an.
En l’absence de centralisation des données, ce chiffre est bien évidemment à prendre avec précaution, car il est basé sur des estimations et des sources variées. C’est d’autant plus vrai qu’il y a certainement des dépenses dont nous ne sommes pas au courant ou que nous n’avons pas prises en compte, comme les aides de la France à des communautés religieuses étrangères et hors frontières, l’envoi de militaires pour sécuriser ces mêmes communautés, le soutien aux institutions religieuses françaises à l’étranger, l’entretien et la restauration des édifices religieux à l’étranger, les subventions et aides aux associations religieuses françaises à l’étranger, la diplomatie religieuse, les aides humanitaires liées aux crises religieuses, etc.
Dans la réalité, et nous en parlions ici même dans un article daté d’avril 2016, la laïcité, à elle seule, coûterait de 12 à 16 milliards d’euros par an. Cependant, en l’absence de centralisation des données, il reste difficile de chiffrer ce que coûtent réellement les religions en France. Il va de soi que nous aimerions que ces dépenses soient centralisées et que la Cour des comptes en publie chaque année un rapport. Mais, même si ces dépenses, faites au nom de mystiques hypothèses, sont à notre goût titanesques, il ne semble pas que l’État français ait la volonté d’être plus explicite sur ce sujet.
Bref, plutôt que de ponctionner la culture, les chômeurs, l’archéologie, les sciences et j’en passe, le gouvernement aurait ici une bonne source d’économies. Vous ne croyez pas ?
GR