Loin de n’être qu’une simple négation de la croyance en une divinité, l’athéisme, qu’on l’accepte ou pas, est avant tout une posture politique et sociétale défendant des intérêts fondamentaux, tels que la famille, l’éducation, la laïcité, la morale, l’éthique ou encore les libertés, pour l’avenir de toutes et tous. Ainsi, comme toute conviction, l’athéisme doit évoluer, devant s’adapter aux défis d’un monde moderne, ne pouvant plus, comme il l’a pourtant toujours fait, exister en marge des débats sociétaux, ni se contenter de critiques passives des religions sans un engagement actif dans la construction d’un avenir collectif. Cette évolution implique de faire des choix concernant des sujets fondamentaux, d’ordre politique, social et économique, tout en gardant en tête que l’athéisme de demain sera ce qu’on en fera.
Historiquement, l’athéisme a été pensé en tant que position de résistance face à l’oppression religieuse, les pionniers de la pensée athée ayant, à leurs époques, ouvert des voies contre l’absolutisme cultuel, chemin dont la finalité reste de nos jours, hélas, inachevée. C’est pourquoi l’athéisme d’aujourd’hui ne peut plus se limiter à une posture de rébellion contre les dogmes, devant se structurer en une force politique et sociale à part entière, capable d’influencer les débats et les décisions dans un monde en pleine mutation, et devenir un pilier fondamental des sociétés modernes.
Il est crucial de comprendre que l’athéisme ne pourra prospérer qu’en s’emparant des enjeux majeurs de notre époque, devant proposer des solutions concrètes sur les questions essentielles, telles que la justice sociale, l’écologie, la révolution démographique, le sens de l’économie, tout en défendant les principes de laïcité et de rationalisme. L’athéisme doit faire évoluer son image, changer de paradigme et porter des mutations sociétales en opposition aux projets de société religieux, devant défendre des valeurs de liberté, d’égalité et d’humanisme, indispensables à l’épanouissement de nos générations futures.
Ce travail de construction ne se fera pas tout seul.
Les athées doivent se rassembler, non pas pour former un bloc monolithique, mais pour faire entendre leur voix dans l’espace public, politique et législatif. Ils doivent s’organiser, revendiquer leur place dans les discussions sur l’avenir de nos sociétés, et faire accepter que leurs convictions, fondées sur la raison et la science, sont tout aussi légitimes que les convictions religieuses. L’athéisme sera ce qu’on en fera, ne pouvant être une force de progrès, d’émancipation et de justice, qu’à condition que ses partisans s’impliquent pleinement dans les luttes politiques et sociales.
Ce à quoi j’appelle ici est une participation active des athées à la construction d’une société où les décisions ne sont plus influencées par la superstition, mais guidées par la raison et le bien commun. Sans cet engagement, l’athéisme risque de rester une conviction conservatrice voire réactionnaire, cantonnée à dénoncer les excès religieux sans proposer d’alternatives crédibles.
Le défi est donc immense : faire de l’athéisme un projet collectif, positif et tourné vers l’avenir. Le monde sera ce que nous en ferons, et l’athéisme aussi.
G. Ragnaud