La misère pour fond de commerce.
Dans les débats autour des politiques ultra-libérales touchant l’emploi, les services publics, la santé et autres domaines essentiels à la vie de chacune et chacun, le silence des religions est frappant. Ainsi, pendant que les politiques libérales organisent le démantèlement des droits sociaux, les privatisations et la réduction des services d’État, les institutions religieuses, qui pourtant prétendent défendre la dignité humaine, ne prennent pas position ou, pire encore, collaborent silencieusement.
Les religions, dont la misère est le principal fond de commerce, ont en effet tout intérêt à laisser s’installer des politiques organisant les déséquilibres sociaux et économiques. Pour elles, ce sont des opportunités d’expansion, car plus les gens seront laissés sans soutien, plus ils deviendront, de gré ou de force, réceptifs aux « promesses de réconfort et de soutien » offertes par la propagande des institutions religieuses. En effet, face aux déficits politiques de l’État, un contexte social et économique difficile représente, pour les religions, un terreau fertile pour recruter, influencer et dominer.
… C’est toi le produit.
Comme l’histoire nous le démontre, et cela quel que soit la nation, là où la République n’est plus en capacité d’assurer l’emploi, que les services publics reculent, ou encore que les soins deviennent un luxe, la religion s’installe, et souvent durablement. En apparence, elles sont bienveillantes, présentes pour chacune et chacun, ne demandant rien en retour, si ce n’est une gratitude sous la forme de soutien à leurs dogmes… en gros, quand les religions offrent, que c’est gratuit, c’est toi le produit.
Une remise en question impérative.
Cette inaction calculée des religions dans les questions de politique économique et sociale n’est jamais discutée, s’installant comme s’il s’agissait d’une tradition, un truc normal, jamais remis en question. Il s’agit en réalité d’une stratégie politico-sociale bien organisée, laissant libre cours à des politiques affaiblissant les droits sociaux, pour toujours mieux alimenter une spirale de dépendance aux institutions religieuses.
Une responsabilité athée
Ce constat met en lumière une responsabilité incontournable pour les associations athées et, d’une manière générale, l’athéisme. Dans une société où les intérêts des religions prospèrent sur la vulnérabilité des citoyens, il est en effet essentiel que les athées s’engagent activement pour défendre les droits de chacune et chacun, devant être les premiers à dénoncer les logiques d’influence religieuse et à combattre les effets destructeurs des politiques ultra-libérales sur les conditions de vie des citoyens. Face au silence des religions, à leur consentement tacite, je dirais même complice des politiques libérales de démantèlement social, il revient donc aux athées, seul contre-pouvoir possible, la charge de contrer les dictatures politico-religieuses.
Un engagement social et républicain
Comme nous le répétons à longueur de temps chez Génération Athée, le rôle des athées ne doit plus se limiter à une critique abstraite des dogmes religieux. L’athéisme devient, entre autres dans ce contexte, un devoir de vigilance sociale et de défense des droits des citoyens. En effet, si personne d’autre n’est en capacité de le faire, il revient aux athées de défendre les emplois et les salaires, non seulement pour préserver la dignité des travailleurs et de leurs familles, mais aussi pour empêcher que la précarité ne devienne un levier de pouvoir pour les religions. Dans cette même logique, soutenir les services publics permet de préserver un espace où l’égalité de traitement et l’égalité des chances demeurent, là où les services privés, souvent imprégnés de valeurs religieuses, imposent des visions morales et dogmatiques.
Proposer des alternatives athées
Face à un contexte social difficile, les athées sont appelés à jouer un rôle de premier plan en faveur des familles, des individus, et de la solidarité publique. Cette mission est d’autant plus importante que l’on sait que les familles les plus vulnérables, premières victimes des politiques de rigueur, sont aussi celles qui se tournent en dernier recours vers les structures d’aide religieuses. Dans un tel contexte, les athées doivent s’impliquer pour proposer des alternatives athées, laïques, égalitaires, et inclusives. Je parle là de construire une société où les droits fondamentaux doivent être garantis pour tous, et où personne n’est contraint de recourir à une institution religieuse pour accéder à des services essentiels, cette vision d’une société libre de toute emprise religieuse passant par une implication politique forte, et une défense active de l’État social.
Se réapproprier la défense de la République
Dans cette lutte pour la justice sociale, les athées doivent aussi défendre les principes de la République et de la laïcité. Ainsi, si la laïcité impose la neutralité de l’État vis-à-vis des religions, elle doit également garantir aux citoyens le droit de résister aux tentatives d’influence religieuse sur les questions d’intérêt public. En effet, dans le sens de la laïcité, en s’abstenant de dénoncer des politiques qui détruisent la solidarité et l’égalité, les institutions religieuses dérogent à leur prétendu engagement pour le bien commun et la justice sociale. Les athées, ici, ont donc pour devoir de revendiquer et de promouvoir une vision de la République où la dignité humaine et l’autonomie individuelle ne dépendent pas de structures religieuses.
Il est urgent de montrer que la lutte contre la précarité et pour la justice sociale ne peut être laissée aux mains de groupes religieux. Cette lutte doit être menée par des citoyens engagés, libres de tout dogme et profondément attachés aux valeurs de la République. Il revient donc aux athées d’agir en faveur d’une société qui protège chacun de ses membres, indépendamment de ses croyances ou de son appartenance religieuse, et qui refuse de faire des citoyens les instruments de quelque influence religieuse que ce soit.
Il est essentiel que les athées s’érigent en défenseurs des droits sociaux, des services publics et de la dignité humaine, et cela tout simplement parce que défendre les citoyens contre la précarité, c’est aussi défendre la République contre les influences religieuses.
G. Ragnaud