Populisme, nationalisme exacerbé, xénophobie, antisémitisme…
L’athéisme, dans son essence, est une position philosophique rationnelle qui rejette l’existence de divinités et invite à un questionnement lucide sur le monde, libéré des dogmes religieux. Pourtant, certains individus se revendiquant de l’athéisme semblent avoir abandonné cet idéal de raison pour sombrer dans des idéologies toxiques : populisme, nationalisme exacerbé, xénophobie, voire antisémitisme.
Cette dérive pose une question fondamentale : comment des individus qui rejettent les croyances irrationnelles peuvent-ils adopter des discours et des comportements qui s’appuient sur des préjugés, des peurs et des haines tout aussi irrationnels ?
Pour beaucoup d’entre nous, ces athées se trompent de combat, amalgamant et transformant ce dernier en rejet des individus, des cultures ou des communautés, s’imaginant que leur refus de croire en l’existence d’un dieu justifie leur stigmatisation des autres. Mais ils s’égarent, se perdent et perdent leur raison, car un athéisme prétextant la haine et l’exclusion trahit ses propres principes, se muant en une nouvelle forme de dogmatisme. Et ça, ce n’est pas de l’athéisme.
Un phénomène attribué à plusieurs facteurs
Les raisons de ces haines sont pour beaucoup liées à un contexte sociopolitique mondial marqué par des crises économiques, identitaires et climatiques, nourrissant les populismes tout en exacerbant les tensions sociales. On peut, de plus, aussi parler de dérives et d’instrumentalisation de l’athéisme par certains groupes cherchant à légitimer des discours extrêmes en prétendant s’appuyer sur la raison. Enfin, et c’est hélas souvent le cas, les raisons de ces haines sont aussi liées à une paresse culturelle, faite d’ignorance de l’histoire et de ses luttes, mais aussi de ses conquêtes républicaines, démocratiques, laïques et humanistes, évolutions qui ont toujours prôné l’inclusion, la justice et la solidarité.
Rappel à la raison
Pour contrer ces dérives, il est essentiel de rappeler que l’athéisme, en tant que conviction, n’est pas une fin en soi, mais un point de départ vers une société fondée sur des valeurs universelles que sont les libertés, l’égalité et le respect mutuel. C’est cette formule que Génération Athée, depuis des années, s’efforce de promouvoir via un athéisme engagé et éclairé s’opposant non seulement aux dogmes religieux et à leurs forces politiques, mais aussi à toutes les formes de discrimination et de déshumanisation.
Sans dieu ni haine !
Pour moi, ces athées égarés dans le populisme, les haines, le racisme et l’antisémitisme ont perdu l’idée du sens de l’athéisme, ne l’ont peut-être tout simplement pas comprise, ou pire, l’utilisent à des fins politiques prônant l’exclusion. Il revient donc à chacun d’entre nous, athées humanistes et progressistes, de défendre un athéisme rationnel, capable de ramener à la raison celles et ceux qui ont cédé à la tentation des extrêmes et des simplismes destructeurs.
L’athéisme, dans tous les cas, sera sans dieu ni haine, ou ne sera pas.
G. Ragnaud