« Ça fait bien longtemps que les athées se sont laissé distancer, car incapables de comprendre que leur combat n’était pas philosophique, mais politique. »
Pendant des décennies, les athées ont concentré leurs efforts sur des débats philosophiques autour de l’existence de Dieu, ainsi que sur des critiques intellectuelles des croyances religieuses. Ils ont cru, à tort, que déconstruire la foi suffirait à construire un monde plus rationnel. Mais cette approche, bien qu’essentielle sur un plan théorique, a négligé une vérité incontournable, celle que les batailles qui façonnent les sociétés modernes se jouent exclusivement sur les terrains politique et médiatique.
Les religions l’ont compris depuis longtemps.
Les religions ne se contentent pas de fournir une consolation spirituelle ou des réponses aux grandes questions existentielles, elles s’organisent en puissants réseaux d’influence, elles agissent dans l’ombre des couloirs politiques pour orienter les lois, peser sur les institutions, et modeler les sociétés selon leurs dogmes. Leurs leaders, cadres et décideurs savent mobiliser, influencer les masses et s’assurer que leurs intérêts soient représentés dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Ultra-conservatisme athée ?
En revanche, les athées, pour la plupart, refusent catégoriquement d’évoluer et de faire évoluer leur athéisme, s’interdisant, pour on ne sait quelle raison irrationnelle, de voir cette dimension politique stratégique. Ils se sont fragmentés en cercles intellectuels, préférant les débats universitaires aux réalités concrètes du pouvoir, ignorant le besoin de s’organiser comme une force politique capable de proposer des alternatives. Cette inertie a permis, et permet toujours actuellement, aux religions de monopoliser les décisions publiques, d’obtenir toutes formes de privilèges, et de graver leurs dogmes dans des politiques nationales et internationales.
Résultat
Aujourd’hui, dans de nombreuses démocraties, les valeurs de laïcité et de rationalité sont marginalisées. Les religions continuent d’imposer leur vision du monde dans des domaines aussi variés que l’éducation, la santé, la bioéthique, ou encore la justice. Les athées, eux, restent inaudibles, dispersés et souvent perçus comme des acteurs secondaires, voire inexistants.
Un défi immense, mais pas insurmontable.
Les athées, comme je l’écris depuis des années, doivent changer de paradigme. Leur combat ne doit plus se limiter à la critique de la religion, mais s’élargir à une défense proactive des valeurs de raison, de justice sociale et de laïcité. Cela implique de s’organiser en un mouvement structuré, capable de dialoguer avec les décideurs, de mobiliser l’opinion publique, et de proposer des alternatives politiques claires… ce que fait Génération Athée depuis près de dix ans.
Le combat des athées n’est pas une bataille individuelle, mais un enjeu collectif. Il concerne l’avenir de nos sociétés, la défense des droits universels et la préservation d’une sphère publique libre de toute influence religieuse. Ne pas s’engager dans cette lutte, c’est accepter que le pouvoir reste entre les mains de ceux qui privilégient la foi au détriment de la raison.
Il est temps de comprendre que défendre l’athéisme, c’est défendre l’intérêt général en offrant une vision du monde basée sur la science, la réflexion et les droits humains, plutôt que sur des dogmes dépassés. Ce combat, bien plus qu’une simple revendication identitaire, est un acte politique au sens le plus noble du terme : celui qui cherche à bâtir un avenir meilleur pour tous.
Tant que les athées resteront en retrait, la partie se jouera sans eux, et ils continueront de perdre du terrain face aux ambitions des religions. Agir maintenant, c’est refuser de laisser le monde entre les mains de ceux qui préfèrent l’obscurantisme à la lumière de la raison.
G. Ragnaud