Un obstacle à l’équité et à l’athéisme.
Nos décideurs, dans leur ensemble, et quel que soit leur courant politique, restent enfermés dans une vision rigide et stéréotypée de la laïcité, réduite bien souvent à un principe abstrait de coexistence religieuse et de liberté de conscience. Cette approche réductrice ne permet pas à nos décideurs de prendre conscience des nombreuses lacunes, inégalités et oublis de ce principe fondamental, les conséquences étant une stagnation de son évolution, en l’occurrence concernant les convictions athées et l’athéisme.
Une attention cultuelle disproportionnée
La laïcité, dans sa forme actuelle, outre une liberté de conscience donnée par obligation à toutes et tous, quel que soit la conviction, ne s’adresse qu’aux seules croyances religieuses, leur offrant nombre de privilèges implicites ou explicites. Ainsi, subventions publiques, exonérations fiscales et silence complice face à des pressions religieuses dans l’espace public témoignent d’un favoritisme allant à l’encontre même du principe d’égalité, et donc du principe de laïcité.
Et qu’en est-il des convictions athées et de l’athéisme ?
En laïcité, les athées sont systématiquement ignorés, discriminés au point où leurs convictions sur l’hypothèse de la non-existence d’un divin n’est même pas prises en compte. Et pourtant, à en croire l’idée de base de ce que devrait être la laïcité, nos convictions athées, tout aussi légitimes que celles des religions, devraient y être présentes à égalité avec celles des cultes religieux. Mais de tout cela, nos politiques n’en ont aucune idée, cette discrimination ne leur venant même pas à l’esprit, l’exclusion de l’athéisme dans les pages et textes laïques ayant pourtant de graves conséquences pour une démocratie se refusant d’entendre les perspectives non religieuses dans les débats publics et sociétaux. Ce dont je parle ici, c’est d’un déséquilibre creusé entre une société de plus en plus laïcisée et des institutions encore trop influencées par des logiques confessionnelles.
Si nous voulons une laïcité véritablement universelle et équitable, il est donc impératif que nos décideurs comprennent ces déséquilibres et adoptent une vision renouvelée d’une laïcité capable de dépasser les clichés actuels. Cela nécessite de reconnaître et de valoriser les convictions athées à égalité avec les croyances religieuses, en leur donnant enfin la place qui leur revient dans la vie publique et dans les lois de la République.
Pour cela, il est impératif que les athées se mobilisent, rencontrent leurs décideurs, les renseignent sur ces inégalités, discriminations et autres privilèges allant à l’encontre des libertés, des égalités et de l’idée de démocratie dans nos nations.
G. Ragnaud