Remettre en question les textes fondateurs.
Génération Athée a toujours avancé sur l’évidence que si la non-croyance en l’existence d’un dieu et tout ce qui s’ensuit d’âneries religieuses n’est pas accompagnée d’évolutions concrètes ayant pour objectifs des enjeux sociétaux, nos engagements resteraient vides, non pas de sens, mais de contenu. Pour cela, il nous a fallu remettre en question la pertinence des textes fondateurs de l’athéisme, leur esprit passif ainsi que leur inertie, regardant faire sans jamais occuper la place en tant qu’opposant sur un plan politique. Comme je l’ai déjà écrit, bien que fondamentaux à leur époque, ces textes sont aujourd’hui limitants, l’athéisme ne pouvant plus, en ce 21ᵉ siècle, se résumer à la simple négation de l’existence de dieu. Il doit se renouveler et réévaluer ses positions à la lumière des avancées sociales, scientifiques et politiques actuelles. En bref, ce qui était pertinent pour le 19ᵉ et le 20ᵉ siècle ne peut plus l’être pour les générations actuelles.
Conscients qu’elles touchent directement nos vies et celles de nos familles, nos préoccupations athées du moment sont bien plus rationnelles et concrètes que celles du siècle dernier, abordant des sujets comme l’éducation, la santé, l’économie ou la justice sous un prisme humaniste et scientifique. Elles passent par une structuration de l’athéisme, une force sociale et politique, avec des organisations capables de mobiliser, de débattre et de proposer des solutions concrètes, incluant la création de plateformes collaboratives et de mouvements politiques basés sur les valeurs athées.
Une posture proactive.
Réformer l’athéisme, c’est aussi agir pour une défense active des droits des athées, prendre en compte nos avis sur des sujets tels que l’éducation, la santé, l’éthique, la justice sociale, la sexualité, ou encore les sciences, la morale, le travail, les libertés pour soi et son corps, et bien d’autres sujets au cœur de la vie des athées et de leurs familles, les touchant directement dans leur quotidien. C’est aussi donner à l’athéisme une place en tant que conviction dans les lois sur la laïcité, devant, comme les religions, y avoir des droits et des devoirs, mais aussi des avantages fiscaux, éducatifs, publics et institutionnels.
Réformer l’athéisme, c’est aussi revendiquer une place légitime dans les débats publics et les institutions, c’est être partie prenante dans les affaires publiques, porter des projets de société, faire passer nos valeurs d’évolutions rationnelles tout en mettant au rebut les inepties religieuses.
Réformer l’athéisme, c’est offrir aux athées une identité collective, un espace pour s’exprimer et se rassembler autour de valeurs communes. C’est aussi leur permettre de revendiquer des droits, de ne plus être systématiquement discriminés par les pouvoirs publics, les institutions et les décideurs politiques. Réformer, c’est aussi renforcer la crédibilité de l’athéisme en tant que vision du monde, capable de rivaliser avec les idéologies religieuses et de proposer des alternatives solides et attractives, une force d’influence respectée et écoutée. Réformer l’athéisme, c’est permettre aux athées de contribuer à l’évolution de nos sociétés en leur apportant la raison et tout ce qui s’ensuit de liberté et de rationalité. C’est favoriser des politiques publiques déconnectées de toute influence religieuse, encourageant des décisions fondées sur des données scientifiques, l’éthique et l’intérêt général.
Une évolution pour l’avenir
Réformer l’athéisme doit assurer la transition d’une posture pour l’instant très individualiste à un mouvement collectif, capable de répondre aux défis de notre époque. C’est aussi offrir aux sociétés un cadre alternatif, fondé sur la raison, capable d’aborder les grandes questions de notre temps : crise climatique, inégalités sociales, ou encore les avancées technologiques, l’éthique et j’en passe, réformer l’athéisme apportant des évolutions pour l’ensemble de l’humanité. Réformer l’athéisme en ce 21ᵉ siècle, c’est lui permettre de survivre aux enjeux politiques, sociaux et économiques de demain pour l’instant totalement maîtrisés par les religions et leurs lobbies.
Libérer totalement nos générations futures des religions passe par une réforme en profondeur de l’idée d’athéisme, devant le faire évoluer d’une critique du passé à une vision pour l’avenir.
G. Ragnaud
G. Ragnaud affirme que l’athéisme, sans actions concrètes visant des enjeux sociétaux, risque de devenir vide de contenu. Cette idée souligne un besoin essentiel : lier idéologie et transformation sociale. Un athéisme actif pourrait contribuer à des causes telles que la justice sociale, la laïcité ou la promotion de valeurs humanistes, donnant ainsi une dimension pratique à cette posture philosophique. Cependant, cette approche soulève plusieurs questions. Tous les athées partagent-ils l’ambition d’un engagement collectif, ou leur position est-elle strictement personnelle ? De plus, le propos manque de clarté sur ce que devraient être ces « évolutions concrètes ». Il existe aussi un risque d’instrumentalisation, où l’athéisme pourrait se transformer en outil politique, perdant sa profondeur philosophique. Enfin, imposer une telle réforme pourrait ignorer la diversité des expériences athées. Si cette vision est inspirante, elle nécessite nuance et équilibre, pour que l’athéisme conjugue pensée critique et contribution sociétale sans se renier.
Josué matabaro josucrate
Bonjour Josué,
Désolé de répondre si tardivement à votre commentaire, mais nous n’avons pas reçu de notification le concernant.
En réponse à vos questions :
« Tous les athées partagent-ils l’ambition d’un engagement collectif, ou leur position est-elle strictement personnelle ? »
L’athéisme n’ayant jamais été pensé dans le sens d’un engagement collectif, la réponse est donc forcément non. Cependant, de plus en plus d’athées tendent à comprendre l’intérêt d’un engagement collectif, même si, par méconnaissance de mouvements Nones comme le nôtre, cette dynamique reste encore timide.
« Le propos manque de clarté sur ce que devraient être ces “évolutions concrètes”. »
En réalité, G. Ragnaud a beaucoup écrit sur les évolutions, objectifs, actions et réformes de l’athéisme. Il s’agit de démocratie, d’égalité républicaine, mais aussi d’évolutions législatives concernant la laïcité. Cela passe également par le lobbyisme, l’influence et l’entrisme politique et économique, ainsi que par la défense des droits et libertés des athées et de leurs familles… liste non exhaustive.
« Il existe aussi un risque d’instrumentalisation, où l’athéisme pourrait se transformer en outil politique, perdant sa profondeur philosophique. »
Oui, à partir du moment où notre travail entrerait dans une logique purement politique, ce serait effectivement un risque. Cependant, nous ne travaillons que sur des éléments concrets et rationnels, ce qui nous préserve de toute perte de profondeur philosophique.
« Imposer une telle réforme pourrait ignorer la diversité des expériences athées. »
Non, ce n’est pas un risque. Nos réflexions et nos expériences étant inédites, ni notre courant ni nos propositions de réformes n’empiètent sur les « expériences athées », pour le peu qu’il y en ait.
« Si cette vision est inspirante, elle nécessite nuance et équilibre, pour que l’athéisme conjugue pensée critique et contribution sociétale sans se renier. »
Oui, cela demande de savoir faire la part des choses et d’être très rationnel dans nos objectifs, ce qui, pour beaucoup d’athées, n’est pas toujours évident. Pour le reste, il n’y a aucune raison que l’athéisme renie son essence, qui est de ne pas croire en l’hypothèse de l’existence d’un divin.
Merci pour toutes ces questions, et encore désolé pour cette réponse tardive.
Admin.