Si l’on devait résumer 2024, ce serait sans doute comme l’année où la religion a (encore) pris la scène médiatique internationale, multipliant son influence dans des domaines qui auraient pourtant gagné à rester neutres ou strictement politiques. De Paris à Téhéran, en passant par Washington, Jérusalem et même Ajaccio, la religion s’est immiscée dans des débats et des événements où elle a souvent exacerbé les tensions plutôt que de les apaiser.
Notre-Dame : Une reconstruction (idéologique ?)
La réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, prévue avec grande pompe, a mis en lumière l’instrumentalisation symbolique de cet édifice par des forces religieuses et politiques. Plus qu’un simple lieu de culte restauré, Notre-Dame est devenue un champ de bataille idéologique, symbolisant pour certains la suprématie culturelle chrétienne en France. Une question se pose : la laïcité française résistera-t-elle à cette nouvelle sacralisation d’un lieu si chargé d’histoire et de pouvoir symbolique ?
Les catholiques et les JO : Une double polémique
Les Jeux Olympiques de Paris 2024, censés célébrer les valeurs universelles de sport et d’unité, ont été marqués par plusieurs polémiques religieuses. D’un côté, certains catholiques ont vivement critiqué la date d’ouverture, le 26 juillet, coïncidant avec la fête de Sainte-Anne. Mais la polémique ne s’arrête pas là.
L’affiche promotionnelle des JO, qui s’inspire du célèbre tableau La Cène de Léonard de Vinci, a également suscité l’indignation. Les catholiques y ont vu un « amalgame irrespectueux », accusant l’organisation de détourner un symbole sacré pour des fins profanes. Pourtant, cette mise en scène se voulait un hommage artistique et universel, mais elle a révélé à quel point certains groupes religieux restent prompts à se sentir offensés.
Enfin, le passage de Philippe Katerine lors de la cérémonie a lui aussi été critiqué par ces mêmes milieux conservateurs. Le ton décalé et la prestation jugée « irrévérencieuse » ont alimenté les débats sur l’opposition entre culture populaire et valeurs religieuses. Ces critiques montrent comment des groupes religieux tentent d’imposer leurs sensibilités sur des événements conçus pour transcender les clivages religieux.
États-Unis : Une élection sous le signe des évangélistes
La présidentielle américaine a démontré, une fois encore, le poids considérable des évangéliques dans la politique outre-Atlantique. Avec Trump ou un autre, ce bloc religieux continue de peser sur les politiques sociales, économiques et environnementales, transformant les débats en un duel entre « valeurs chrétiennes » et progrès sociétal. Si l’Amérique aime se dire démocratique, son système est pourtant largement façonné par des croyances dogmatiques, avec en point d’orgue, l’élection de Trump.
Israël-Palestine : La religion au cœur du chaos
Le conflit israélo-palestinien a atteint cette année des sommets de violence, nourris par des discours religieux de part et d’autre. Lorsque la foi devient un outil de légitimation pour coloniser, réprimer ou résister, elle ne laisse que peu de place à des solutions durables. Les médias, trop souvent partiaux, ont eux aussi contribué à renforcer les divisions, au lieu d’encourager une approche rationnelle et humaniste.
L’Europe et les ingérences politico-religieuses
En Europe, les ingérences politico-religieuses se sont intensifiées. Qu’il s’agisse de pressions des évangéliques américains, des réseaux islamistes ou des lobbies catholiques, les États européens peinent à préserver leurs souverainetés et à défendre un espace public véritablement laïque. La récente visite du pape en Corse en est un exemple criant : un événement religieux devenu un spectacle médiatico-politique financé, en partie, par l’argent public.
Iran, Afghanistan : Les femmes en première ligne
Pendant ce temps, en Iran et en Afghanistan, la répression religieuse continue de cibler les femmes avec une brutalité inouïe. Les talibans en Afghanistan et le régime islamiste en Iran montrent que la religion, lorsqu’elle devient une arme politique, s’acharne sur les plus vulnérables. Malgré quelques échos médiatiques, la mobilisation internationale reste timide face à ces crimes contre les droits fondamentaux.
Une année qui interroge notre avenir
2024 a mis en évidence une chose : la religion reste un acteur central et néfaste dans la gestion des affaires publiques à l’échelle mondiale. Que ce soit en influençant des élections, en renforçant des régimes oppressifs, ou en s’immisçant dans des débats sociétaux, elle montre une résilience inquiétante face aux idéaux de progrès et de raison.
Il est plus urgent que jamais pour les sociétés laïques et les athées engagés de dénoncer ces dérives et de promouvoir une vision du monde libérée de tout dogme religieux. Comme le rappelle souvent Génération Athée, « l’avenir de l’humanité ne se construira pas avec des superstitions, mais avec des idées rationnelles et humanistes. »
G. Ragnaud