Athées majoritaires, croyants influents

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Athées, être majoritaire face aux croyants ne suffit pas.

En tant qu’athées, on se félicite parfois des chiffres, ceux qui nous disent qu’en France, plus de la moitié des citoyens se déclarent incroyants et sans religion. On se gausse lorsque, sondage après sondage, se confirment que les croyances reculent, que les églises se vident et que les dogmes peinent à recruter. Mais derrière notre majorité silencieuse se cache une réalité, celle qu’être plus nombreux ne signifie pas être plus influents.

Les croyances, même minoritaires, s’accrochent aux structures du pouvoir, s’invitent dans les débats, dictent des lois et façonnent l’imaginaire collectif. Elles savent se structurer, mobiliser, peser sur les décisions politiques et économiques, tout en disposant de réseaux, de financements et de relais médiatiques. Les religions ne s’effacent jamais, bien au contraire, elles se réinventent, s’adaptent aux discours de l’époque tout en conservant l’essentiel : leur emprise sur la société.

Pendant ce temps, nous, les athées, restons majoritairement dispersés, passifs, désintéressés par les divers courants nous représentant, indifférents aux luttes qu’ils mènent en notre nom. Nous nous complaisons dans l’idée que le progrès suffira, que l’érosion naturelle des religions finira par rendre la question caduque. Mais l’histoire nous enseigne que la « foi » trouve toujours les moyens de se renouveler, car même si elle recule dans les pratiques individuelles, elle se renforce dans l’action politique.

Si les croyants minoritaires savent imposer leur vision, ce n’est pas parce qu’ils sont plus nombreux, mais parce qu’ils ont de grandes gueules, qu’ils osent revendiquer, organiser, influencer. À nous, athées, de comprendre que c’est la volonté qui change le monde, pas les statistiques, et qu’être majoritaire n’a jamais suffi à défendre une cause.

G. Ragnaud

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1 commentaire

  1. C’est la première fois que je lis quelque chose de clair et bien structuré. Je le comprends, vous avez raison, même si, vu de mon « grand âge » et celui de ma génération, justement, j’ai du mal à me dire que c’est « la voie à suivre » pour moi. Mon réflexe « place aux jeunes » est plus fort, mais oui, vous avez sans doute raison. Les religions, toutes, sont l’un des grands maux de l’humanité. Les assimiler à « l’opium du peuple » était sans doute trop gentil. Elles en sont probablement l’un des principaux poisons. L’un des, mais Il y en a d’autres certainement. Supprimer les religions ne fera pas disparaître l’instinct de prise de pouvoir et de domination, tellement surpuissant chez ce drôle d’animal humain que nous sommes. Et qui réapparaît quasiment toujours, à peu près partout, dans quelque groupe humain que ce soit, de l’indéverrouilable président du club de pétanque de Trifouilli-les-Oies au gourou en chef de toute place boursière. Les religions ne sont que l’un des outils, parmi les plus puissants, certes, de cet instinct. À franchement parler, je n’ai pas la moindre idée quant à la manière d’en sortir, mais oui, si une génération nouvelle se levait pour proclamer sa certitude (je ne dis pas sa foi !) en l’inexistence d’une quelconque force suprême, ce serait une bonne idée probablement. À condition qu’elle ne débouche pas, une fois de plus, sur quelque forme de hiérarchie qui voudrait imposer ses convictions (et par là-même, son pouvoir) à des populations entières.
    Bien amicalement,
    Pierre Rouve

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