Marine Le Pen et les catholiques

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Derrière l’image d’une laïque patriote défendant la République contre les communautarismes, Marine Le Pen entretient depuis presque toujours des liens étroits et stratégiques avec les milieux catholiques conservateurs. Et ce rapprochement n’est pas qu’anecdotique, se traduisant par une convergence d’intérêts idéologiques et électoraux qu’il est urgent de dénoncer ici. Derrière l’apparence faussement républicaine, c’est bel et bien une forme de collusion entre extrême droite et conservatisme religieux qui s’opère, avec des conséquences profondes sur les droits fondamentaux et la laïcité.

Depuis sa prise de contrôle du Front National en 2011, Marine Le Pen a engagé une stratégie de « dédiabolisation » destinée à élargir sa base électorale. Pour cela, elle n’a pas hésité à multiplier les signaux en direction de la France catholique, notamment celle attachée à un ordre moral traditionnel. Ainsi, son discours s’est teinté de références à de soi-disant « racines chrétiennes de la France », à la défense de la civilisation européenne, et à la famille comme socle de la nation. Ces éléments de langage ne sont pas neutres, résonnant puissamment dans les cercles catholiques conservateurs se sentant marginalisés par les évolutions sociétales.

Plus qu’un appel, ce rapprochement est devenu une stratégie politique assumée. Marine Le Pen a soutenu, parfois discrètement, des manifestations comme celles de la Manif pour tous, s’est exprimée contre la PMA pour toutes, et a montré une proximité croissante avec des figures issues de Sens Commun ou d’associations pro-vie. Si elle affirme ne pas vouloir remettre en cause l’IVG, ses prises de position flattent les attentes d’un électorat hostile aux avancées sociétales. En cultivant cette ambiguïté, elle rassure sans trop effrayer.

La porosité avec les milieux catholiques radicaux devient également visible. Des groupes comme Civitas, l’Action française ou certains réseaux traditionalistes ont vu en Marine Le Pen une alliée objective dans la défense d’une France chrétienne fantasmée. Plusieurs cadres du Rassemblement National partagent d’ailleurs ces références ou en proviennent. Cette alliance de fait nourrit un projet commun, celui d’un ordre moral fondé sur une hiérarchie sociale et religieuse implicite.

Ce que Marine Le Pen appelle « laïcité » n’est en réalité qu’un outil au service d’un agenda identitaire. Car si elle se montre intransigeante à l’égard des signes religieux musulmans, elle reste silencieuse sur les nombreux privilèges accordés aux institutions catholiques que nous, chez Génération Athée, ne cessons de dénoncer comme les subventions publiques, statuts scolaires dérogatoires, exonérations fiscales… Cette laïcité à géométrie variable trahit une instrumentalisation de la République à des fins partisanes, ne protégeant pas les citoyens de l’emprise religieuse, mais protégeant une religion des critiques légitimes qu’on adresse aux autres.

Génération Athée rappelle que la République ne doit jamais plier devant les dogmes religieux, quels qu’ils soient. Défendre la laïcité, ce n’est pas opposer une religion à une autre, c’est les écarter toutes du champ politique, et refuser toute forme d’emprise spirituelle sur les lois de la République. Dans un contexte de recomposition idéologique, où les extrêmes cherchent des soutiens dans les sacristies, l’athéisme réformé défend une laïcité claire, ferme, universelle.
Ni croisade ni soumission, juste l’émancipation.

G. Ragnaud

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