N’oublions pas. Pendant la colonisation de Saint-Domingue, future Haïti, l’Église catholique a été un pilier du système esclavagiste. En baptisant de force, en catéchisant sous couvert de sauver les âmes, elle a largement participé à l’oppression, légitimant l’asservissement de millions d’Africains arrachés à leurs terres.
Elle a combattu les croyances africaines, imposé sa morale aux esclaves, profité des richesses extorquées par la violence. Jamais l’Église catholique n’a dénoncé l’esclavage, préférant en tirer pouvoir et bénéfices. Et lorsque Haïti a conquis son indépendance, l’Église française a tourné le dos à ce peuple libre, incapable d’accepter que des esclaves puissent briser leurs chaînes sans sa bénédiction.
Mais le scandale ne s’arrête pas là. L’Église a tiré des avantages matériels considérables, terres offertes par les colons, redevances, dîmes sur les plantations, influence sociale écrasante dans les colonies. La vérité est donc sans détour, l’Église catholique a été complice de l’une des pires barbaries de l’histoire humaine… et elle continue à l’être.
Ce rappel dérange, mais il est, pour nous, athées, indispensable de souligner que l’Église catholique de France a été l’une des institutions majeures ayant accompagné, béni et profité de l’esclavage colonial à Saint-Domingue. Alors qu’aujourd’hui encore, elle prétend se présenter comme une « autorité morale », nous avons le devoir de rappeler son rôle dans la construction de l’un des systèmes les plus inhumains de l’histoire, l’Église catholique, que ce soit à Haïti ou ailleurs, ayant contribué à broyer des vies.
Alors oui, pour nous, l’Église catholique a elle aussi une dette à payer aux Haïtiennes et Haïtiens, une dette humaine, civilisatrice, culturelle et morale, faite de déshumanisation, de violences, d’endoctrinement, de mépris, de racisme et de domination physique… le tout au nom du seul pouvoir colonial.
G. Ragnaud