Cerfia : un média sous influence religieuse

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Quand un média influent comme Cerfia, suivi par plus d’un million de personnes sur X, tombe sous la coupe du milliardaire d’extrême-droite Pierre-Édouard Stérin et de son agenda religieux, ce sont les publications critiques, progressistes, et laïques qui en paient le prix, dont celles des athées, de l’athéisme, et des groupes comme Génération Athée.

Les conséquences pour la visibilité et la liberté d’expression des mouvements athées et laïques sont très concrètes, décrivant un véritable basculement idéologique dans les contenus.

Pierre-Édouard Stérin, fervent catholique traditionaliste, ne cache ni ses convictions religieuses, ni son objectif de réorienter le débat public selon une lecture conservatrice du monde. Cerfia, en tombant sous son influence, devient potentiellement un relais d’opinions rétrogrades, de récits identitaires, voire d’hostilité envers la laïcité et l’athéisme. La ligne éditoriale, autrefois neutre ou diversifiée, risque de se durcir autour de contenus bien-pensants, réactionnaires, alignés avec une droite religieuse revancharde.

Une pression accrue sur le débat public

Ce changement ne concerne pas qu’un simple fil d’actualité. Cerfia, avec son audience massive, influence la perception de l’actualité, des enjeux de société, et des priorités politiques.
Dans ce contexte, les voix dissonantes, celles qui remettent en question les dogmes, les privilèges religieux ou l’influence des cultes, deviennent indésirables. Il en va de même concernant les discours laïques, féministes, athées, humanistes ou scientifiques, tous risquant d’être poussés en marge, au détriment de la neutralité et de l’équilibre des points de vue.

Tout cela va avoir des conséquences bien réelles dans la sphère civile, car quand les idées religieuses sont amplifiées à travers des canaux médiatiques puissants, elles finissent par peser sur les lois, les politiques publiques, les programmes scolaires, et les débats éthiques.

Et cela concerne directement les athées et l’athéisme, qui, déjà exclus des espaces officiels de représentation, comme le Bureau des cultes, des lois mémorielles, des grands débats sur la bioéthique, la fin de vie, ou encore l’école, pourraient être totalement exclus de toute forme d’expression, renforçant un climat culturel défavorable à l’athéisme, en banalisant les revendications religieuses tout en euphémisant les critiques rationnelles.

Une restriction indirecte mais bien réelle de la liberté d’expression des athées

Cette prise en main de Cerfia par Pierre-Édouard Stérin n’est pas une censure directe, ni même un interdit explicite. C’est bien plus insidieux, puisqu’il s’agit d’une restriction par l’oubli, le silence et le contournement algorithmique. Ainsi, les idées qui dérangent le pouvoir religieux deviennent simplement moins visibles, moins relayées, moins mises en avant. Et dans ce brouillard informationnel, les publications de Génération Athée risquent d’être reléguées à la périphérie du débat public, considérées comme gênantes, militantes, ou simplement inaudibles. Et il va en être de même concernant les publications critiques de l’influence religieuse, les appels à la défense de la laïcité, les revendications pour l’égalité des convictions, les réflexions sur le non-sens de dieu et des dogmes… Toutes ces voix peuvent désormais être filtrées par les algorithmes, invisibilisées dans les fils d’actualité, stigmatisées comme « offensantes », « trop militantes » ou « clivantes ».

Cela vaut pour les associations laïques, les collectifs athées, et les comptes comme @GenerationAthee qui refusent de se taire. Et c’est là tout le danger.

Il ne s’agit pas d’un débat d’idées à armes égales, mais d’une réappropriation silencieuse de l’espace numérique par des forces idéologiques, religieuses, catholiques, organisées, riches et puissantes. Et pendant que les religieux achètent des médias, les athées doivent mendier du temps d’antenne… qu’ils n’obtiennent jamais.

Ce déséquilibre ne peut mener qu’à une chose : l’effacement progressif des discours non conformes, ayant pour conséquence une guerre de visibilité. Car à l’ère du numérique, ce n’est pas celui qui a raison qui gagne, mais celui qu’on entend, celui qu’on lit, qu’on voit, qu’on partage.

Pour Génération Athée, c’est une nouvelle lutte que nous allons devoir mener au quotidien, tentant de faire exister les athées et l’athéisme dans les sphères sociétales, face à des plateformes captées par des intérêts religieux.

Il faudra forcément nous y aider.

G. Ragnaud


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