Entre associations athées et laïques : un dialogue manqué.
L’échange commence par un simple commentaire, sous une publication de @UnitéLaïque sur X. Un message bref, dans la limite des 280 caractères, posé sans agressivité, d’athées à athées, de laïques à laïques, dans l’esprit d’un débat ouvert : « Chère Unité Laïque, n’ayant, en 120 ans, jamais consacré une seule ligne à la reconnaissance de l’#athéisme et des convictions athées, comment pouvez-vous encore considérer la #laïcité comme une #liberté chérie. Nous aimerions sincèrement échanger avec vous. »
La réponse reçue fut pour le moins surprenante : « Votre commentaire est tellement absurde et mielleusement agressif que nous ne ressentons pas la nécessité d’une discussion sur ces bases. Comprenez d’abord ce qu’est la laïcité, en particulier le fait qu’elle « ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte » et qu’elle « assure la liberté de conscience » avant de l’accuser de vous maltraiter. Elle est aveugle à toute opinion philosophique, politique ou religieuse, dans les limites de la loi et de l’ordre public. Pour le reste, la loi de 1881 sur la liberté de la presse garantit la liberté d’expression et confirme la fin du délit de blasphème, et la loi de 1901 vous permet toute association, dans les mêmes limites. Le reste, c’est dans votre tête. »
Non seulement cette réponse est ouvertement arrogante, nous prenant de haut sur notre compréhension de la laïcité, mais elle est aussi profondément méprisante envers le courant laïque athée que nous représentons à travers Génération Athée.
Certains membres de cette association sont pourtant francs-maçons affiliés au Grand Orient, une obédience régulièrement associée à une tradition laïque et athée, raison pour laquelle nous avions sincèrement souhaité ouvrir un dialogue. En ce sens, nous avons, à plusieurs reprises, tenté de communiquer avec eux, notre objectif étant simplement d’échanger sur les différentes lectures possibles des lois encadrant la laïcité en France.
Depuis sa création, Génération Athée s’est engagé dans la promotion et la défense d’une laïcité pleine et entière, avec la volonté d’y faire évoluer l’athéisme et les athées, de leur permettre d’y trouver leur place. Dès le départ, nous avons appelé à ce que la France se dote de davantage de laïcité, permettant à l’athéisme et aux athées d’être soutenus par des textes, des droits et des règles garantissant non seulement leur libre expression dans l’espace public, mais aussi la légitimité des convictions qu’ils portent.
Nous avons bien sûr pris acte du refus regrettable de dialogue opposé par cette association. Heureusement, nous entretenons des relations bien plus constructives et amicales avec d’autres associations et groupes laïques, avec lesquels nous échangeons régulièrement sur les difficultés que rencontrent les athées et l’athéisme en France.
Cet épisode n’est, au fond, qu’un accroc sur le fil d’un engagement plus large, où les athées laïques gagneraient à se rassembler, à conjuguer leurs efforts plutôt qu’à diviser leurs forces.
Nous restons, pour notre part, ouverts à l’échange.
G. Ragnaud