Beaucoup d’athées ne ressentent pas directement les discriminations faites à l’athéisme, et pourtant…
Dans de nombreux pays, l’athéisme reste une conviction marginalisée, parfois criminalisée, souvent ignorée. Même en France, où la laïcité est censée garantir la neutralité de l’État face aux croyances, les athées ne bénéficient d’aucune reconnaissance explicite dans les textes fondateurs. La loi de 1905 protège les « cultes », mais ne nomme jamais l’athéisme, en partie parce que, historiquement, les athées eux-mêmes ont commis l’erreur de le présenter comme une absence de croyance, plutôt que comme une conviction à part entière sur l’hypothèse de l’existence d’un dieu. Or, comme je le rappelle souvent, l’athéisme est une conviction tout aussi légitime que celles des religions, notamment sur l’hypothèse de l’existence d’un dieu. Il ne s’agit donc pas d’un vide spirituel, mais d’une posture rationnelle, construite, affirmée. Refuser de croire n’est pas fuir le débat, c’est au contraire vouloir y participer pleinement, et pour le bien commun.
Les formes de discrimination sont multiples.
Elles sont d’abord institutionnelles, avec une absence de reconnaissance légale, une invisibilité dans les instances publiques et une exclusion des cérémonies officielles. Elles sont aussi symboliques, par la stigmatisation culturelle et la caricature de l’athée comme provocateur ou nihiliste. Elles deviennent politiques lorsque des alliances entre partis politiques et religieux désignent les athées comme ennemis de la tradition. Enfin, elles sont sociales, dans le rejet familial, l’ostracisme communautaire ou les violences subies dans les sociétés religieuses.
Face à cela, Génération Athée propose une réforme claire : réviser la loi de 1905 pour y inclure les convictions non religieuses, dont l’athéisme ; remplacer le mot « culte » par celui de « conviction » dans les textes officiels ; reconnaître l’athéisme comme une position rationnelle et citoyenne, non comme une absence ou une provocation ; et enfin, fédérer les athées autour d’un projet de société fondé sur la raison, l’égalité et la liberté.
Tant que l’athéisme ne sera pas reconnu comme une conviction à part entière, la laïcité restera asymétrique, et c’est à l’État de rétablir une égalité de traitement. L’athéisme réformé, tel que défendu par Génération Athée, n’est pas une demande d’être toléré, mais une exigence, à juste titre, d’être reconnu et intégré.
Les discriminations de l’État, de ses institutions et des partis politiques, tout comme l’absence de nos convictions dans les médias et les débats publics, doivent cesser… et vite.
G. Ragnaud

