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Quand les religions s’en sont prises à Étienne-Émile Baulieu, l’inventeur du RU-486 / mifépristone, dite pilule abortive

Lorsqu’à la fin des années 1970, le professeur Baulieu permet l’expulsion naturelle de l’embryon, il ouvre une voie totalement nouvelle à l’avortement médicamenteux, moins invasif que les interventions chirurgicales.

Pour les partisans des droits des femmes, c’est un progrès historique, mais pour les dogmes religieux, catholique en particulier, c’est une abomination.

Le Vatican fut l’un des premiers à réagir avec virulence. Jean-Paul II qualifie alors la pilule de « culture de mort ». Des associations catholiques intégristes françaises et internationales, telles qu’Alliance Vita, la Fondation Jérôme Lejeune ou encore Human Life International aux États-Unis, mènent des campagnes violentes contre le RU-486 et contre Baulieu lui-même. On le traite de « marchand de mort », de « promoteur du meurtre légalisé ».

Les attaques ne se limitent pas aux discours ; elles deviennent personnelles, publiques, acharnées. Le professeur Baulieu reçoit même des menaces, tandis que des lobbys religieux tentent d’influencer les pouvoirs publics pour bloquer la commercialisation de la pilule.

Aux États-Unis, l’opposition religieuse fut tout aussi brutale. Les évangéliques et les catholiques traditionalistes font pression sur la FDA (Food and Drug Administration) pour interdire la mise sur le marché du RU-486. Il faudra attendre l’an 2000 pour que le médicament soit finalement autorisé, après des années de lutte juridique et politique marquées par l’activisme religieux.

En France, malgré les protestations des cercles catholiques conservateurs, l’État soutient l’autorisation de la pilule abortive, avec le soutien décisif de figures politiques comme Simone Veil. Mais encore aujourd’hui, les groupes religieux continuent d’alimenter le combat contre l’IVG, s’appuyant notamment sur les réseaux politico-religieux qui gangrènent les débats sur la bioéthique, la santé reproductive et les droits des femmes.

L’affaire Baulieu illustre parfaitement ce que Génération Athée dénonce depuis des années : chaque fois que la science s’émancipe du dogme, chaque fois que la raison défie la croyance, les religions s’organisent en lobbys pour défendre leur emprise sur la société et sur les corps.

Le RU-486 n’était pas seulement une pilule, c’était, pour les religions, une atteinte directe à leur pouvoir millénaire de contrôle moral et social.

Rappelons-le clairement que sans ces pressions religieuses, la recherche scientifique sur les droits reproductifs aurait pu avancer bien plus vite, épargnant à des millions de femmes des souffrances physiques, psychologiques et sociales. Étienne-Émile Baulieu, en scientifique libre, aura résisté à cette pression dogmatique, incarnant ce que la pensée athée défend : l’émancipation de l’humain face aux dogmes religieux.

Étienne-Émile Baulieu nous a quittés en janvier dernier. Scientifique d’une immense rigueur, homme de courage face aux pressions idéologiques, il restera dans l’histoire comme l’un de ceux qui ont permis aux femmes de disposer enfin, librement, de leur corps. Face aux dogmes et aux menaces, il a défendu la science, la liberté et l’émancipation avec une détermination qui force le respect.

Nous saluons sa mémoire.

GA

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