La laïcité est-elle vraiment la solution ?

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Le débat fait de plus en plus rage dans les milieux religieux, mais aussi et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, non religieux. Les raisons de ces débats sont bien sûr différentes selon les convictions, les croyants demandant plus de libertés d’expression, les athées, ou du moins une partie grandissante, invoquant et relevant eux nombre d’incohérences et autres maladresses de la part de la laïcité, d’où la question de savoir si oui ou non la laïcité est vraiment la solution.

 

Une laïcité dénaturée est impossible dans la pratique.

La première de ces maladresses est à la base même de la loi laïque, celle de ce concept d’une séparation d’entre l’église et l’État, cette idée étant maladroite dans le sens où l’on ne crée pas une nation en prônant la séparation, la désunion ou encore la sécession, devant au contraire unir, rassembler dans le sens et le respect de la démocratie sans oublier personne. Elle est maladroite dans le sens où elle est mal dite et mal comprise, impossible à mettre en place dans la réalité, la loi laïque ne correspondant plus aujourd’hui aux besoins de l’État, des religions, mais aussi des aspirations athées, le malaise autour de cette loi allant au point où la laïcité doit sans cesse être rappelée, tentant de s’adapter aux réalités d’aujourd’hui en appelant par exemple dans une incohérence totale « au vivre ensemble, dans le cadre de la séparation laïque ».

On peut chaque année être témoin de cette maladresse, base de nombre de maux de notre société, les religions par exemple n’hésitant pas à rentrer dans le débat public, les politiques n’hésitant pas non plus dans leur grande démagogie, à sympathiser et traiter avec les religions, à les faire entrer dans les débats d’État et tout cela au grand dam des athées, qui eux n’ont toujours pas la parole, pas leur mot à dire.

 

 

L’athéisme n’est pas un compromis.

La laïcité crée dans le grand public et même chez nombre d’athées, un amalgame grotesque, celle que la laïcité représente les espérances athées, comme si les espérances athées étaient simplement la séparation d’entre l’État et les religions, comme si nous athées, n’avions pas d’autre revendication. Je rappelle juste que la laïcité est une forme de compromis avec les religions, ce qui n’est pas le cas de l’athéisme n’étant lui pas un compromis, les athées n’étant pas athées pour faire des arrangements avec les religions, mais bel et bien pour interagir avec nos sociétés, donner leur point de vue dont la base est, pour mémoire, « de ne pas concevoir l’existence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit ».

Malgré cela je reste impressionné par le nombre « d’athées laïcs », c’est-à-dire de gens dénaturant totalement la base de l’athéisme, en ayant oublié le sens, en faisant une forme de tabou, au point où cet athéisme est totalement remplacé par la laïcité, ces gens ne parlant plus qu’en son nom et dans son sens, qui n’est, je le rappelle, rien d’autre qu’un compromis entre l’État et les religions, une loi où l’athéisme n’est même pas cité, car non reconnu par l’État. Une des conséquences est qu’il n’y a plus ou peu de débats entre religions et athées, n’ayant pas de débat non plus entre laïcs et athées, comme s’il était acquis que la loi laïque et que la raison athée n’avaient pas besoin de débattre, d’échanger sur leurs points de vue et leurs différences fondamentales, or ne pas permettre le débat ferme la porte à toute forme de communication, et donc évolution de la part des uns et des autres, et sans évolution rien ne change, tout stagne.

 

 

Laïcité, ou l’art de rester le cul entre deux chaises.

De même la laïcité pose d’autres problèmes encore plus vastes et dangereux, à commencer par cette incohérence qui consiste à prôner la séparation d’entre l’État et les religions, tout en acceptant un enseignement religieux, avec tout ce que cela peut engendrer de bêtises, dans des écoles au sein de notre nation. La phrase publiée il y a quelques jours sur « athée la communauté » en donne un exemple concret :  “Enseigner aux enfants de craindre ce qui pourrait potentiellement y avoir après la mort, c’est les cloitrer dans une prison appelée existence. Et cloitrer des vies au nom du “potentiel” est un véritable crime contre l’humanité…  que permet hélas la laïcité en France”. Des exemples comme celui-ci nous pouvons en compter des dizaines, l’État par la laïcité restant le cul entre deux chaises, se protégeant des religions tout en acceptant qu’elles continuent à distiller à grande échelle une éducation basée exclusivement sur une théorie qui n’a rien de scientifique. C’est ici encore une incohérence flagrante de la laïcité, étant un peu comme si on se vaccinait contre une maladie contagieuse tout en la cultivant industriellement dans des boîtes de Pétri.

 

 

Il est clair que pour moi la solution n’est pas dans la laïcité, car même si l’approche laïque par d’un bon sentiment, d’une forme d’évolution sociale rare, elle n’en reste pas moins le cul entre deux chaises, voulant ménager à la fois la chèvre et le choux, sans vraiment s’engager, ni dans le débat, ni en termes de démocratie. Bien évidemment,  il faut protéger la nation Française de toutes formes de retour à un État religieux, mais est-ce pour autant qu’il faut empêcher le débat politique sur la place publique. Pour ma part, et c’est un souhait qui est apparemment de plus en plus partagé, je milite pour une évolution de la laïcité, je dirais même une transformation totale de cette loi, préférant, et je sais que je vais provoquer des hurlements, laisser la parole en tout liberté démocratique dans le cadre de l’État aux religions, redonnant du débat entre les parties, sans séparation de quelque sorte que ce soit à ce niveau, et, par contre, au niveau social, cloisonner les religions exclusivement dans leurs temples, et non pas dans les écoles du pays.

 

C’est ce qui est proposé entre autres dans l’idée d’ATHÉÏCITÉ, une forme laïque transformée et bien plus moderne, car retournée dans le bon sens, celui d’admettre toutes les sensibilités dans le débat public, respectant ainsi l’idée de démocratie, tout en protégeant la vie sociale de ces sensibilités, les restreignant à transmettre leurs concepts hors des milieux scolaires.

 

J’espère ici ouvrir le débat vers une émancipation de la laïcité, vers un renouveau espéré pour le bien de notre nation et de sa jeunesse.

 

Gilles Ragnaud

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